Agissez pour ce monde comme si vous deviez vivre mille ans, et pour l'autre comme si vous deviez mourir demain. [Mahomet]
ABEILLESPASSION - 23 a 28 L APICULTURE POUR TOUS
 

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Chapitre 23
Les pourquoi de la Ruche Populaire

Pieds

Il y a lieu d’examiner la hauteur et la forme des pieds de la ruche : les deux ont leur importance.

Et d’abord la hauteur. Les apiculteurs donnent souvent beaucoup d’élévation aux supports de leurs ruches. L’amour du bien-être l’emporte sur tout. Ils ne veulent pas avoir à se baisser. Or, j’estime qu’on ne doit visiter les colonies que rarement, plus rarement qu’on ne le fait généralement.

Par conséquent, c’est un sacrifice diminué que je demande à mes lecteurs, et non sans raisons sérieuses, quand je leur conseille de placer leurs ruches à 0,10 ou 0,15 du sol.

Placées sur un support élevé, les ruches ressentent davantage les variations de température et les coups de vent.

L’achat ou la fabrication de ces supports constitue d’ailleurs une dépense importante. J’ai vu de ces supports formés, d’une charpente telle que son bois aurait suffi à construire un corps de ruche à double paroi.



Pied ruche fonte

Fig. 23.1: Pied de ruche en fonte.



Pied ruche bois

Fig. 23.2: Pied de ruche en bois que l’on fixe à chaque coin du plateau avec quatre pointes.

Je sais bien qu’on pourrait faire là une économie si on se servait de deux légères poutrelles en bois ou en fer. Ces poutrelles seraient supportées de distance en distance par une légère maçonnerie ; elles auraient d’ailleurs la longueur de tout le rucher. Les colonies pourraient y être placées à 0,75 de distance, de centre à centre. Malheureusement, cet arrangement a les inconvénients du rucher couvert. Dès qu’on touche à une colonie, toutes les autres s’en aperçoivent et se mettent en bruissement. Il y a donc à chaque visite d’une ruche une consommation de miel intempestive, parfois une excitation au pillage, à la colère.

L’élévation exagérée des ruches fait aussi perdre beaucoup de butineuses. Il n’est pas rare que ces courageuses ouvrières arrivent trop chargées, manquent l’entrée de la ruche et tombent sur le sol. Elles ne remonteront que difficilement dans une ruche élevée.

On peut mettre, il est vrai, une large planche allant du sol à l’entrée de la ruche. C’est une dépense nouvelle qui n’empêchera pas que bien des abeilles tombent encore à côté.

On pourra dire aussi que l’élévation de la ruche la garantit, elle et sa colonie, contre l’humidité de la terre et des herbes. Or, j’estime qu’il ne doit jamais se trouver d’herbes autour des ruches. Les herbes sont le tombeau des abeilles. Qu’une abeille y tombe chargée de son butin, elle y trouve l’ombre, la fraîcheur et bientôt le froid, mais rien pour la réchauffer et la ranimer. Sur le sol nu, au contraire, l’abeille pourra recevoir les rayons du soleil jusqu’au dernier, elle aura souvent le temps de se reposer assez pour pouvoir regagner sa ruche.

Mais l’humidité du sol ! Une ruche, placée à 0,10 du sol, sera parfaitement garantie de cette humidité, si les herbes sont enlevées, et si le plateau de la ruche ne contient aucune ouverture pour l’aération par le dessous.

Évidemment, les pieds bas rendent plus facile la rentrée des abeilles égarées autour de la ruche.

Il suffit donc et il est préférable de ne donner aux supports de ruches qu’une élévation de 0,10.

Mais quelle forme donner à ces supports ? Il ne faut pas penser à employer des poutrelles qui supporteraient plusieurs ruches. Nous en avons donné les raisons précédemment. On vend des pieds en fonte. Avec ces pieds, le plateau des ruches est bien isolé du sol, mais ces pieds ont le défaut d’exiger encore l’emploi d’une tuile, car seuls ils s’enfonceraient dans la terre.

Nous avons perfectionné ce pied. Il se termine en forme de patte de canard ; il ne peut s’enfoncer dans la terre, il simplifie les manipulations, il augmente la base de la ruche.

Nous avons créé aussi un pied en bois qui a les mêmes qualités que le pied en fonte, sauf la solidité. Il est toutefois plus économique et peut être fait sans outillage spécial avec des chutes de bois.
On peut remplacer ces pieds par une brique creuse.

Cette brique, qui a d’ailleurs 0,11 sur ses quatre faces, isole bien le plateau et elle est peu coûteuse. On pourrait remplacer cette brique creuse par deux briques ordinaires superposées à plat. Mais ces briques laisseraient monter quelque peu l’humidité et exigeraient plus de main-d’œuvre. Il faudrait d’ailleurs les retourner de temps en temps. Évidemment, ces briques ne simplifient pas le travail comme notre pied en fonte.

Le plateau

Le plateau a pour but de fermer la ruche par le bas, tout en permettant l’entrée des abeilles d’une part, d’autre part l’entrée de l’air pur.

Avec quel bois faut-il fabriquer le plateau ? Plus le bois sera épais, plus le plateau aura de durée. Toutefois, si le bois est très épais, le plateau sera lourd à manœuvrer ; si le bois est très mince, le plateau ne résistera pas longtemps aux intempéries, aux chocs qu’il recevra.

Une épaisseur de 0,015 à 0,02 est une bonne et suffisante épaisseur, d’autant plus que le plateau est renforcé de tasseaux en dessous.

Que doit être l’entrée des abeilles ? On lui a donné en longueur toute la largeur de la ruche, en hauteur 0,01 à 0,02. Je suis d’avis que cette longueur, qui passe 0,40 dans certaines ruches, est nuisible dans bien des cas. Dans le cours de l’été, la population peut diminuer et ne plus pouvoir se défendre sur un tel front. Les partisans des grandes entrées diront qu’ils les diminuent quand c’est nécessaire or, ils peuvent oublier cette surveillance. En tout cas, c’est un travail supplémentaire que nous ne voulons pas. Ce n’est donc pas sans raison que nous avons donné à l’entrée de la Ruche Populaire les dimensions suivantes : 0,12 x 0,015. Mais nous tenons à faire observer que nous préférons cette dimension à celle de 0,20 x 0,01 qui donnerait cependant le même passage, mathématiquement parlant. Avec une entrée de 0,12 x 0,015, les abeilles ont moins de parcours à faire ; une colonie faible s’y défendra donc plus facilement.

Bien entendu, en hiver, nous réduisons encore cette entrée. Une portière métallique ne laisse qu’une ouverture de 0,07 x 0,0075, pour empêcher le passage des rongeurs. En hiver, il n’y a pas d’ailleurs de sorties d’abeilles en nombre. Cette ouverture ne sert pour ainsi dire qu’à l’aération de la ruche.

L’ouverture de 0,12 x 0,015 est d’ailleurs suffisante pour le passage des abeilles, même d’une forte colonie. Il suffit, pour le constater, d’examiner le va-et-vient des abeilles en pleine miellée. Cette ouverture est aussi suffisante pour l’aération de la ruche : passage de l’air nouveau qui remplace l’air léger qui s’en va par le haut. N’oublions pas qu’une ruche, même en été, ne contient pas plus de 30 à 35 litres d’air. Pour livrer passage à un tel cube d’air, il n’est pas nécessaire d’avoir une ouverture considérable, d’autant plus que ce cube d’air n’est pas à renouveler sans raison. Nous en reparlerons à l’article : « Aération de la Ruche ».

Pourquoi alors établir des ouvertures grillagées dans le plateau, laisser des ouvertures en face de l’entrée au-dessus du plateau ? Toutes ces ouvertures compliquent la construction de la ruche et augmentent son prix de revient. Elles sont inutiles puisque l’entrée dont j’ai parlé précédemment suffit à l’aération de la ruche. Par ailleurs, elles sont nuisibles.

L’ouverture faite en face de l’entrée au-dessus du plateau rend plus difficile la défense de la colonie. Elle peut aussi former un courant d’air qui, en hiver, détacherait des abeilles du groupe et les vouerait à une mort certaine sur le plateau.

L’ouverture dans le plateau est toujours un dépôt de débris de cire et d’abeilles mortes, une cachette sûre pour les insectes et surtout la fausse teigne. Cette ouverture permet à l’humidité du sol de monter plus facilement dans la ruche. Or, il y a toujours trop d’humidité dans la ruche.

Quand on examine les différents systèmes de ruches, on voit que le plateau est toujours fixé au corps de ruche et par des modes bien différents.

Ces plateaux sont toujours difficiles à nettoyer, même dans les ruches qu’on dit automatiques.

Pour notre Ruche Populaire, nous préférons le plateau dont nous avons donné la description.

Le corps de ruche se compose de deux hausses, faciles à manœuvrer. Sans découvrir ces hausses, on peut les enlever, les placer sur des tasseaux et ensuite s’occuper librement du plateau : le nettoyer, vérifier s’il est de niveau, nettoyer la terre au-dessous du plateau.

On replace ensuite les deux hausses sur le plateau. Il n’y a pas danger d’écrasement d’abeilles ni de refroidissement du couvain.

Chambre à couvain

On appelle chambre à couvain, dans une ruche, la partie qui abrite la colonie et les provisions en hiver. Ici, la chambre à couvain est formée de deux hausses.

Il importe de considérer principalement le volume de la chambre à couvain, car son volume doit être aussi réduit que possible pour réduire la consommation des provisions, car l’abeille mange pour se nourrir, mais aussi pour se chauffer. Or, les chambres à couvain varient de 36 litres, comme dans la Ruche Populaire, à 55 litres, comme dans la ruche Dadant.

De toute évidence, l’abeille consommera plus dans une grande chambre à couvain que dans une petite. J’ose même affirmer que la différence est de 3 à 5 kg. Et ceci chaque année. C’est pour l’apiculteur une perte qui doublera vite le prix de sa ruche.

La grande ruche aura aussi l’inconvénient de retenir l’abeille à la ruche aux premiers beaux jours, à un moment où elle pourrait trouver au dehors beaucoup de pollen et un peu de miel. Les grandes ruches ne font donc pas les fortes colonies ; elles n’ont d’action sur la fécondité des reines que pour en retarder la manifestation.

On peut placer, sans doute, dans les grandes ruches, des partitions qui en font varier la dimension. Or, ces partitions ont de nombreux inconvénients.

À l’automne, elles empêchent la libre disposition des provisions hivernales. Si elles ne closent pas, elles sont inutiles ; si elles closent, elles sont collées par la propolis et exigent une secousse violente chaque fois qu’on les déplace. Or, à la violence, les abeilles répondent par la violence. D’ailleurs, tout déplacement des partitions sera pour l’apiculteur un passe-temps, pour la chambre à couvain une cause de refroidissement, comme pour les abeilles un nouveau motif de mécontentement.

Le volume de la chambre à couvain, toutefois, doit être suffisant. Il doit permettre le logement du miel pour les provisions hivernales, le logement des abeilles au-dessous du miel, la ponte de la reine au printemps.

Mais il est à noter qu’en hiver et au premier printemps, les besoins de l’abeille sont sensiblement semblables dans toutes les ruches, parce que les colonies diffèrent peu de force. Le diamètre de groupe d’abeilles ne varie guère que d’un ou deux centimètres d’une ruche à l’autre.

Or, l’abbé Voirnot, qui a le plus étudié cette question, a conclu que 100 décimètres carrés de rayons suffisent en hiver et au premier printemps.

Le docteur Duvauchelle, notre premier maître en apiculture, convaincu que les petites ruches sont préférables, avait créé une ruche contenant 8 cadres de 0,28 x 0,36, donc 80 décimètres carrés de rayons. Plus tard, il a agrandi sa ruche et lui a donné 8 cadres de 0,30 x 0,40, donc 96 décimètres carrés de rayons. C’était l’approbation des conclusions de l’abbé Voirnot. Nous-même avons constaté que ces deux maîtres avaient raison sur ce point.

Rayons

Les rayons peuvent être mobiles ou fixes. Ils sont dits mobiles quand ils sont renfermés dans un cadre de bois, comme dans les ruches modernes. Mais il faut bien noter qu’ils ne restent vraiment mobiles qu’à la condition qu’ils soient nettoyés tous les ans.

Les rayons sont dits fixes quand ils ne sont pas entourés de bois et parce que les abeilles les fixent aux parois des hausses. Parce qu’ils sont fixés avec de la cire, ils sont de fait plus mobiles que les rayons mobiles fixés avec de la propolis.

Nous avons préféré le rayon fixe pour plusieurs raisons : d’abord le cadre est coûteux et, nous l’avons dit, souvent inutile. Ensuite le cadre augmente le volume de la chambre à couvain. Nous avions précédemment deux Ruches Populaires, l’une à cadres et l’autre à rayons fixes. Les deux avaient le même nombre de décimètres carrés de rayons. Or, la ruche à cadres avait une contenance de 44 litres, la ruche à rayons fixes une contenance de 36 litres, car les cadres agrandissent la ruche. Or, nous l’avons dit précédemment, les grandes chambres à couvain sont nuisibles à l’abeille et à l’apiculteur. Dans la ruche à cadres, nous avions une consommation hivernale de 3 kg en plus que dans la ruche à rayons fixes.

Les rayons peuvent être différents aussi par leur forme. Ils peuvent avoir une forme basse comme dans la Dadant, ou une forme haute comme dans la Layens, ou une forme carrée comme dans la Voirnot.

Dans beaucoup de ruches vulgaires où l’abeille a vécu pendant des siècles, nous trouvons fréquemment une largeur de 0,30 avec une hauteur variant de 0,60 à 0,80. Le cadre Layens et le cadre Congrès haut nous ont donnés de bons résultats ; ils ont une largeur de 0,31 et de 0,30. La largeur de 0,30 permet d’ailleurs d’établir une chambre à couvain carrée. Or, la forme carrée, après la forme cylindrique, contribue à bien répartir la chaleur dans la ruche. Cette largeur permet aussi de donner à la ruche une forme allongée comme celle du groupe d’abeilles ; elle permet également aux abeilles de placer le miel au sommet de la ruche, de se loger elles-mêmes au-dessous du miel en faisant pénétrer la tête de leur groupe dans le stock de miel, comme notre tête pénètre dans notre chapeau. Or, c’est là la meilleure disposition pour l’hivernage.

En hiver, dans le groupe d’abeilles, il n’y a de véritable vie qu’au sommet et au centre, car là seulement il y a une chaleur suffisante. Autour du groupe, les abeilles sont engourdies, à demi mortes.

Toutes les abeilles, il est vrai, passent à leur tour au centre du groupe pour s’y réchauffer et s’y nourrir. Mais elles n’auraient pas la force de s’éloigner du groupe. C’est ce qui explique comment les abeilles, sur des cadres bas et longs, peuvent mourir de faim à côté de provisions abondantes. Pendant les froids, elles ne se déplacent pas facilement horizontalement, soit de cadre à cadre, soit même sur le même cadre. Mais, par contre, elles se déplacent facilement verticalement, de bas en haut, puisque ce déplacement les conduit vers la chaleur qui est toujours plus forte au sommet de la ruche.

L’abbé Voirnot avait pensé qu’il fallait relever le cadre Dadant. Mais il s’est arrêté au cadre carré de 0,33, parce qu’il a attaché une importance considérable au cube de la chambre à couvain. Le cube de la ruche au dehors peut être pris en considération, parce qu’il diminue la surface de la ruche et par conséquent le rayonnement.

Or, le rayonnement est minime à l’intérieur de la ruche. Ce qu’il importe de considérer avant tout dans la chambre à couvain, c’est la chaleur qui s’y trouve enfermée. Or, cette chaleur s’y présente par couches superposées, d’autant plus chaudes qu’elles sont plus élevées. Or, ces mêmes couches de chaleur seront d’autant plus épaisses qu’elles seront moins larges, elles réchaufferont donc d’autant plus d’abeilles que le rayon sera moins large.

Supérieur en hiver, le rayon haut l’est encore au printemps. Quand une colonie allonge son groupe de couvain d’un centimètre, elle doit chauffer ce centimètre sur toute sa surface. Elle devra donc chauffer 2000 centimètres cubes dans la ruche Dadant ; elle n’aura que 900 centimètres cubes à chauffer dans la Ruche Populaire. Voilà pourquoi j’ai adopté pour le rayon une largeur de 0,30 et deux hauteurs de 0,20. Ces deux hauteurs superposées ont tous les avantages d’une hauteur unique de 0,40. Cet agencement, toutefois, donne un vide de 13 millimètres entre les hausses. Ces 13 millimètres comprennent les 9 millimètres du porte-rayons et les 4 millimètres de vide laissés par les abeilles au bas des rayons, soit l’épaisseur du corps de l’abeille, car l’abeille, en travaillant le ventre en l’air, ne peut prolonger le rayon là où se trouve son corps.

Ce vide convient aux abeilles en hiver, parce qu’il facilite les communications dans le groupe des abeilles. Si ce vide n’existait pas, les abeilles établiraient elles-mêmes des passages à travers les rayons comme elles en établissent dans les cadres des autres ruches.

Toutefois, je considère ce vide comme un défaut, puisque les abeilles doivent le chauffer à peu près inutilement au printemps. Défaut unique et d’ailleurs minime à côté des avantages que procure cet agencement, défaut moindre même que celui des ruches modernes, où les abeilles doivent chauffer inutilement des espaces bien plus considérables.

D’ailleurs, pour éviter des difficultés à l’apiculteur au moment de la régularisation des provisions hivernales, comme pour éviter aux abeilles la multiplicité de ces vides au milieu de la chambre à couvain, j’ai adopté des rayons de 0,20 et non des rayons plus bas, comme on le fait généralement pour les ruches à hausses, dites ruches divisibles.

Si le rayon haut a de grands avantages pour l’hivernage et même pour le premier printemps, il peut avoir des inconvénients en été. S’il reste une partie des provisions, s’il y a eu quelques petits apports de miel, il pourra se trouver en haut du rayon une bande de miel. Or, les abeilles ont une grande répugnance à passer sur le miel. Elles monteront difficilement dans la hausse et préféreront souvent essaimer. Voilà pourquoi les hausses sont plus vite occupées dans les ruches à cadres bas.

Dans la Ruche Populaire, nous avons les avantages du cadre haut sans en avoir les inconvénients, parce que l’agrandissement se fait par le bas.

Corps de ruche

Si une petite chambre à couvain suffit aux abeilles en hiver et au premier printemps, en été il leur faut une ruche plus grande comprenant la chambre à couvain et en plus une ou plusieurs hausses. Avec la Ruche Populaire, nous considérons qu’une troisième hausse supplémentaire est un minimum. Nous avons eu des colonies qui occupaient sept hausses.

Le nombre de hausses nécessaires varie avec la richesse mellifère de la région, avec la fécondité de chaque reine. Il est donc prudent d’avoir à sa disposition quelques hausses supplémentaires, surtout dans les petits ruchers. Dans les grands, il y a toujours quelques ruches vides dont les hausses sont disponibles.

La Ruche Populaire est donc une petite ruche en hiver ; mais en été elle peut être une ruche aussi grande que les plus grandes.

Il est à noter que les hausses sont placées l’une sur l’autre sans aucun emboîtement. On pourrait les fixer au plateau et entre elles par quelque article de quincaillerie ou simplement par deux pointes réunies par un fil de fer, et cela sur deux ou trois faces. Sauf le cas de déplacement, ces mesures sont inutiles. Le poids des hausses ne permettra pas au vent de les déplacer. Les abeilles les fixeront d’ailleurs avec leur propolis.

Les parois

Les parois les plus hygiéniques sont celles du vieux panier cloche, en paille ou en osier, recouvert d’un enduit. Ces parois sont chaudes en hiver, fraîches en été, en tout temps perméables. Elles ne retiennent pas l’humidité. Elles atténuent les variations de température. En pratique, parce que nous avons besoin de régularité et d’une forme carrée, nous donnerons la préférence au bois. Le bois nous demandera moins de surveillance et d’entretien. Car les insectes se réfugient souvent dans la paille, les rongeurs l’attaquent plus facilement.

Le bois, lui, est plus résistant aux insectes, aux rongeurs et aux intempéries. Une couche de peinture blanche à l’huile est d’ailleurs vite donnée sans qu’un transvasement soit nécessaire.

Nous nous arrêterons donc aux parois en bois, de 0,024.

Une épaisseur de 0,02 est suffisante. Une épaisseur de 0,024 lui est préférable au point de vue solidité seulement. Avec cette épaisseur le bois joue moins. D’ailleurs, dans ces ruches les abeilles sortent plus vite le matin parce qu’elles sentent plus vite la chaleur ambiante.

Des parois plus épaisses augmentent le poids de la ruche et son prix de revient.

Les parois doubles ont les mêmes inconvénients. D’ailleurs, il est presque impossible d’y maintenir l’air enfermé, pour qu’il soit isolateur et utile.

Les matières isolantes qu’on peut mettre entre deux planches sont souvent coûteuses ; elles prennent parfois l’humidité et cessent d’être isolantes.

D’ailleurs, les parois isolatrices n’atteignent pas le but qu’on poursuit. Au printemps, elles retardent la sortie des abeilles. En hiver, elles n’économisent pas les provisions, au contraire. Les abeilles consomment moins si elles sont engourdies par le froid que si elles sont maintenues en activité.

Certainement en temps de neige, un rayon de soleil fera sortir quelques abeilles des ruches à parois minces, plus que dans les ruches à parois épaisses. Certaines resteront sur la neige ou sur la planchette de vol et y mourront. Le groupe de plusieurs milliers d’abeilles n’en sera pas sensiblement diminué. D’ailleurs, ces abeilles qui ne sont pas rentrées sont très probablement des faibles, des vieilles, des inutiles.

Certainement, si les ruches à parois simples sont plus sensibles à la chaleur ambiante du jour, elles sont aussi plus sensibles à la fraîcheur de la nuit. Mais pendant la nuit la présence des abeilles compense le manque de chaleur.

Et n’oublions pas que le confort détruit les races, que l’effort, comme l’a dit Pourrat, est la condition de la vie, la difficulté son climat.

Théoriquement, le bois blanc est préférable. Malheureusement, il joue trop. Dans la pratique, nous préférons le sapin du Jura.

Certains préconisent l’assemblage à mi-bois. Nous lui préférons l’assemblage à plat. Il est beaucoup plus économique et ne demande pas un outillage de professionnel. Si on emploie des pointes de 60 à 70 mm et du bois un peu sec, on aura toute satisfaction.

En tout cas, nous préférons du bois raboté sur les deux faces, donc régulier, pour avoir de la régularité autant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Sinon, la pluie s’arrêterait sur les parties saillantes et le nettoyage à l’intérieur serait plus difficile.

Le toit

Le toit de la Ruche Populaire est disposé de façon à ce qu’il y ait dans son sommet un vide important. L’air circule librement et rapidement dans ce vide. Ce vide est d’ailleurs trop considérable pour qu’une toile d’araignée puisse y arrêter la circulation de l’air.

C’est sous ce genre de toit que j’ai constaté une température plus régulière, même quand la ruche est exposée au soleil.

J’ai eu l’occasion de voir sur le front, des constructions militaires légères. Le toit y était formé aussi de deux planches ou de deux tôles superposées. Un officier supérieur, qui avait habité longtemps les colonies, m’a dit que les tentes militaires étaient disposées aussi d’après ce même principe pour lutter contre le rayonnement du soleil.

La disposition de notre toit est donc bien établie selon les règles dictées par l’expérience.

On recouvre souvent le toit avec du carton bitumé. Je n’en suis pas partisan. C’est une dépense. D’ailleurs, le carton bitumé entretient souvent une humidité invisible qui pourrit la planche qui le supporte.

Je ne suis pas partisan davantage de la tôle. En temps de pluie ou de grêle elle produit un bruit suffisant pour exciter les abeilles. Elle est d’ailleurs plus sensible aux rayons de soleil.

Je préfère le bois peint. Une planche peinte tous les deux ou trois ans résistera longtemps et n’a pas les défauts du carton bitumé ni de la tôle. Mais là encore je préfère la peinture blanche qui rejette la chaleur. Le carbonyle, qui est certainement le meilleur conservateur du bois, ne convient pas à cause de son odeur et surtout de sa couleur.

Toile

Au-dessus de la hausse supérieure, nous plaçons une simple toile, que nous trouvons souvent dans des morceaux de vieux sacs.

Nous préférons cette toile à la toile cirée et aux planchettes. Les planchettes sont imperméables et exigent une pesée, une secousse, quand on veut les enlever. Les abeilles en sont irritées.

La toile cirée est imperméable et ne se déroule pas aussi bien que la simple toile.

Car, ne l’oublions pas, tout ce qu’on mettra sur la ruche est toujours propolisé, par conséquent adhérent à la ruche. Nous ne pouvons donc rechercher que la facilité de l’enlèvement.

Or, notre toile se déroule facilement. On la prend par un coin à gauche et on la tire horizontalement vers la droite. Dans cette opération, il n’y a pas de secousse et on ne découvre que la partie qu’on a besoin de visiter.

Toutefois, la qualité principale de cette toile c’est sa perméabilité, que les abeilles peuvent modifier, augmenter ou diminuer, en ajoutant ou en supprimant sur cette toile la propolis dont elles disposent toujours. Cette toile permet aux abeilles d’aérer elles-mêmes la Ruche Populaire comme elles le font dans la vieille ruche commune. Il est bon de renouveler souvent cette toile, dont on pourra d’ailleurs mettre utilement des parties dans le rouleau de l’enfumoir.

Coussin

Le coussin a 0,10 de hauteur et non 0,05 comme les coussins ordinaires. Le dessous est fermé par une toile. Mais le dessus est libre. On le remplit de sciure de bois, de menues pailles, de tourbe, ou de toute autre matière légère, mauvaise conductrice de la chaleur et absorbante.

Le coussin n’étant pas fermé, on peut renouveler facilement son contenu ; en tout cas, le retourner souvent pour le maintenir sec, afin qu’il absorbe plus facilement l’humidité de la ruche et communique moins à la ruche la chaleur du dehors.

Quand on dispose de sciure, de menues pailles, on peut les renouveler chaque année. Si on étend les vieilles autour de la ruche, on empêche l’herbe d’y pousser.

Aération

Dans toute ruche, il y a de l’humidité produite par la vie animale et par l’évaporation du miel, il y a de l’air vicié par la respiration animale.

Cet air vicié et humide est chaud tant qu’il est dans le groupe des abeilles, il tend donc à monter. Arrivé au sommet de la ruche, il ne se refroidit pas vite, parce que le sommet de la ruche est toujours chaud et parce que les parois de la Ruche Populaire ne sont jamais très froides, en raison du peu de distance entre elles et le groupe d’abeilles. Cet air vicié persisterait donc à occuper le sommet de la ruche, mais la toile le laisse passer et se répandre dans le coussin.

Cet échappement d’air vicié appelle un autre air qui entre par l’entrée. Comme cet échappement est continuel et à la volonté des abeilles, l’air nouveau n’entre que lentement mais continuellement, pour le renouvellement de l’air de la ruche et sans incommoder les abeilles.

Dans les autres ruches, cette aération ne se fait pas de la même manière. L’air vicié et humide est vite arrêté par la toile cirée et les planchettes et il continue d’entourer les abeilles, car dans les ruches plus larges que la Populaire, les abeilles sont plus rapprochées du sommet.

Cet air vicié s’étend jusqu’aux parois et se condense à leur contact parce que ces parois, plus éloignées du groupe d’abeilles, sont aussi plus froides que les parois de la Populaire.

Condensé, cet air humide descend le long des parois et des rayons extrêmes et y provoque la moisissure et la pourriture.

L’entrée de la ruche peut être très grande, l’air nouveau ne pénètre pas dans la ruche, parce qu’il n’y est pas appelé par la sortie de l’air vicié. L’aération dans ces ruches est nulle ou insuffisante.

Depuis quelque temps, j’ai vu qu’on avait donné le conseil de percer une ouverture de plusieurs centimètres dans les planchettes qui recouvrent la ruche. C’est certainement un moyen radical d’éviter la moisissure des cadres et des parois ; mais on se demande comment des apiculteurs ont l’audace de donner de semblables conseils. Cette ouverture est trop grande pour pouvoir être fermée par les abeilles. D’ailleurs, on conseille de les en empêcher. Les abeilles ne peuvent non plus modérer l’échappement de l’air par cette ouverture. Il y a donc par cette ouverture un courant d’air continuel pendant toute la mauvaise saison : ce ne peut être qu’aux dépens de l’hygiène des abeilles et de leurs provisions.




Portière

Fig. 23.3: Détail de la portière : en P, entaille de 0,006 x 0,006. En O, entaille de 0,070 x 0,0075.

Portière

Notre portière est d’une grande simplicité. On peut la prendre dans une boite de conserve vide. Elle est d’un maniement facile et rapide. Elle peut diminuer instantanément, sans écrasement d’abeilles, l’entrée de la ruche et lui donner à volonté une entrée de 0,07 x 0,0075 pour empêcher l’entrée des souris et musaraignes, ou une entrée de 0,006 x 0,006 ne permettant que le passage d’une abeille pour le cas de nourrissement, de danger de pillage.

Porte-rayon

Le porte-rayon a une largeur de 0,024. Nous préférons ne lui donner qu’une épaisseur de 0,009 afin qu’il ne déborde jamais la feuillure de la hausse qui a 0,010.

Par ailleurs, il est préférable que le porte-rayon ne soit pas raboté sur une face pour donner plus d’adhérence à la cire. Au contraire, il est préférable que les trois autres faces soient rabotées pour faciliter leur nettoyage. On pourrait même restreindre la propolisation de ces trois faces en les enduisant de vaseline ou d’huile.

Chapitre 24
Premières conclusions


Abbé Émile Warré

Fig. 24.1: Abbé Émile Warré.

L’apiculture est une industrie

L’apiculture peut donner un bénéfice. Ce bénéfice doit être le but de l’apiculteur.

Et qu’aucun apiculteur ne dise que pour lui l’apiculture est un sport, qu’il n’a que faire de ses bénéfices. Nous avons des frères, ne l’oublions pas, des frères malheureux que connaissent les œuvres de bienfaisance. Donnez-leur ce que la nature vous donne en trop.

Or, comment pourrons-nous obtenir de l’apiculture le maximum des bénéfices ?

Ne comptons pas sur la protection douanière

Compter sur la protection douanière est souvent une illusion, puisque des partis politiques s’y opposent. En tout cas, cette protection est souvent une erreur, puisqu’elle augmente le prix de vente et qu’elle rend cette vente plus difficile.

Visons à l’économie

Les industriels ont pour principe : produire à bon compte pour vendre facilement.

Les apiculteurs devraient adopter ce principe. Ils éviteraient ainsi les ennuis de la mévente du miel et ils arriveraient à retirer de l’apiculture tout le bénéfice possible.

Il n’est pas impossible que, dans l’avenir, le prix de vente du miel soit fixé aux environs du prix du sucre, ce qui rendrait d’ailleurs sa vente plus facile. Il importe donc de chercher à obtenir un prix de revient inférieur.

Or, ce que nous avons dit au sujet de la construction de la Ruche Populaire suffit pour montrer ses avantages au point de vue économique.

Nous verrons plus loin que la méthode qui lui est appliquée est aussi économique que sa construction.

Économie par ses dispositions

Il est évident que la Ruche Populaire est assez simplifiée pour que tout amateur puisse la construire avec un outillage courant. Nos données suffiront généralement. En tout cas, un modèle seul sera nécessaire.

Il n’en est pas de même de la ruche à cadres. Le cadre à lui seul demande beaucoup de temps et beaucoup d’attention. Il est nécessaire que le bois des cadres soit très régulier. Il est nécessaire qu’il y ait un vide de 7,5 mm entre les montants des cadres et les parois de la ruche. Quand il y a moins de 5 millimètres, les abeilles collent montants et parois avec la propolis. Quand il y a plus de 10 millimètres, les abeilles construisent des rayons dans l’intervalle. Dans l’un et l’autre cas, il n’y a plus de mobilité. Parce que l’usure et la température produisent des variations dans un sens ou dans un autre, il faut qu’à la construction, il y ait exactement un vide de 7,5 mm entre les cadres et les parois. C’est difficile à obtenir et à maintenir.

Économie par ses dimensions

La forme et le volume de la Ruche Populaire assurent un minimum de consommation de miel tout en permettant aux abeilles de s’y développer normalement.

Économie par son hygiène

La forme, le volume, l’aération de la Ruche Populaire procure aux abeilles une habitation hygiénique où leur sont épargnés : le surmenage, l’affaiblissement et la maladie, toutes choses qui nécessairement diminueraient la production du miel.

Chapitre 25
Outillage

Enfumoir

L’enfumoir est un instrument de toute nécessité pour quiconque veut s’occuper d’abeilles. Il en existe un grand nombre de modèles. Chacun peut choisir selon son goût et selon le combustible dont il dispose.


enfumoir

Toutefois, les deux enfumoirs les plus employés sont le Layens et le Bingham.

L’enfumoir Layens a l’avantage de donner une fumée douce et régulière, et de fonctionner seul pendant un quart d’heure. C’est un mouvement d’horlogerie qui le fait fonctionner. Cet enfumoir a aussi ses inconvénients. Son foyer n’a pas de dimensions bien grandes : il faut l’alimenter souvent. On ne peut obtenir de lui une fumée plus abondante quand par hasard on en a besoin. De plus, son mouvement d’horlogerie fait entendre un bruit qui ne plaît pas aux abeilles de la colonie qu’on visite, encore moins aux voisines. Enfin, ce mouvement d’horlogerie est assez fragile : ce qui rend l’enfumoir Layens très coûteux.

L’enfumoir Bingham est à mon avis plus pratique, surtout le petit modèle. On le tient bien en main. On en obtient une fumée douce quand on veut, une fumée forte et abondante quand on en a besoin. Quand on cesse d’en avoir besoin et qu’on le place la bouche en l’air, il n’incommode pas les abeilles, comme le Layens, et il ne consomme que peu de combustible sans cependant s’éteindre.

Dans cet enfumoir on peut employer des rouleaux de papier ondulé et de toile peu coûteuse (d’emballage, de vieux sacs). Ces rouleaux doivent avoir un diamètre un peu inférieur à celui de l’intérieur de l’enfumoir, afin qu’ils puissent être introduits facilement. Leur longueur doit être des deux tiers de la longueur de l’intérieur de l’enfumoir, afin de permettre l’introduction d’un nouveau rouleau quand il reste encore la moitié du précédent. De cette façon, l’allumage se fait seul, la fumée ne fait jamais défaut et ne contient jamais de cendres embrasées.

De temps en temps, avant de remettre un nouveau rouleau, on retire de l’enfumoir ce qui reste du précédent rouleau et on fait tomber les cendres qui ont pu s’amasser au fond de l’enfumoir. On remet dans l’enfumoir le rouleau en partie consumé, puis on ajoute un nouveau rouleau.

Par temps sec, les rouleaux se consument trop vite. On peut les mouiller par moitié. Ils se consument moins vite et donnent plus de fumée. Bien entendu, dans ce cas, il faut introduire, la première, la partie non mouillée.

Quand on renouvellera la toile enduite de propolis, qui recouvre les porte-rayons, on se trouvera bien d’en mettre un morceau dans le rouleau de l’enfumoir. On pourra aussi y mettre des menus morceaux de propolis.

Brosse

La brosse a son utilité pour l’apiculteur. Elle l’aide, avec l’enfumoir, dans bien des cas, à diriger les abeilles, en tout cas à chasser les dernières abeilles des rayons qu’on doit prendre.


Brosse

Cette brosse doit être, autant que possible, de la forme classique et de toute première qualité, entièrement de soie. Sinon, elle retient les abeilles et les irrite. On doit maintenir cette brosse très propre et même ne l’employer que mouillée, pour empêcher l’engluement des abeilles.

Voile


Voile tule

Fig. 25.1: Voiles en tule.


Voiles toile métallique

Fig. 25.2: Voiles en toile métallique.

Le voile n’est pas absolument nécessaire. Beaucoup d’apiculteurs ne s’en servent pas, même pour des opérations délicates.

Tous les apiculteurs doivent cependant posséder au moins deux voiles, l’un pour eux et l’autre pour leur auxiliaire. Et ces voiles doivent toujours se trouver près d’eux dans toutes leurs opérations. Si un accident arrive, ces voiles auront leur emploi.

La plupart des apiculteurs, surtout les débutants, utiliseront leur voile dans toutes les opérations apicoles.

À l’abri de ce voile, ils auront plus d’assurance et de fermeté, ils opéreront avec plus d’activité et plus de dextérité.

Or, il existe une multiplicité de voiles qui n’ont pas la même utilité. Arrêtons-nous aux deux principaux : le voile en tulle, et le voile métallique.

Le voile en tulle a l’avantage de ne pas tenir de place, de pouvoir être porté dans une poche. Mais il a le défaut d’augmenter la chaleur de la tête de l’opérateur et de gêner sa vue.

La couleur noire augmente plus la chaleur et gêne moins la vue. La couleur blanche augmente moins la chaleur et gêne plus la vue.

On pourrait faire le voile de tulle noir en avant et de tulle blanc en arrière. En tout cas, on pourra toujours choisir du tulle à mailles assez grandes, sans toutefois dépasser 0,003.

Les dimensions du voile varient avec son support, ordinairement un chapeau, et avec la tête de l’opérateur.

En haut, il sera fermé par un caoutchouc qui enserrera le chapeau. En bas, le voile sera encore fermé par un caoutchouc qui enserrera un col droit ou sera fixé à un bouton, D ; ou bien il sera libre et on le passera sous les bretelles A et B, ou on le placera sous le vêtement de dessus, C. On pourrait aussi fixer le haut du voile aux bords du chapeau. Dans ce cas, on ne pourrait plus le porter dans la poche. Il aurait les inconvénients du voile métallique sans en avoir les avantages.

Le voile métallique est moins portatif que le voile en tulle, par contre il donne moins de chaleur et gêne moins la vue. Pour le faire, on emploie la toile métallique en usage pour la fabrication des garde-manger. La toile galvanisée gène la vue. La toile noire est préférable. Il existe de ces toiles noires qui sont recouvertes de vernis : ce sont les meilleures.

La hauteur et le diamètre du voile seront proportionnés à la tête de l’apiculteur. Le voile doit laisser un vide de 0,05 autour de la tête. Le dessus du voile métallique est fermé par une toile froncée E, F. Avec ce voile, on n’a donc pas besoin de chapeau. En bas, la toile métallique est prolongée par une toile que l’on peut passer aussi sous les bretelles, A, B, ou que l’on placera sous les vêtements de dessus, G, ou comme en C. En arrière du voile, on met une bande de toile tant à l’intérieur qu’à l’extérieur pour donner de l’ombre et aussi pour couvrir les extrémités des fils de la toile métallique, F. Pour donner plus de raideur au tout, il est bon de fixer un léger fil de fer en haut et en bas de la toile métallique, en même temps qu’on y attache les deux toiles.

Enfin, on peut faire un voile mixte, H.

Cette figure indique la manière de faire ce voile. On attache une bande de toile au bord d’un chapeau, on ajoute une bande de toile métallique, puis encore une bande de toile.

Cette dernière bande de toile peut, elle aussi, être placée sous les bretelles A, B, ou sous le vêtement de dessus, G. Ce voile oblige à employer un chapeau et donne plus de chaleur qu’un voile entièrement en toile métallique. Par contre, il est plus ferme sur la tête.

Tasseaux

Dans les divers travaux apicoles à faire avec la Ruche Populaire, on a besoin souvent d’un ou deux supports pour y placer les hausses. Les tasseaux représentés en B remplissent parfaitement ce rôle de support.

Remarquez que les tasseaux A’A’ ont une forme angulaire, sur le dessus, afin d’éviter l’écrasement d’abeilles. Ils doivent avoir aussi en longueur 0,10 en plus que les hausses, afin qu’il n’y ait aucun tâtonnement pour placer les hausses sur ces tasseaux. Les planchettes B’B’ servent simplement à réunir et à fixer les tasseaux A’A’.


Tasseaux-support

Fig. 25.3: B : tasseaux-supports pour les hausses.

Raclette

Cette raclette est faite spécialement pour nettoyer le dessus des porte-rayons, toujours garnis de propolis.

Cette raclette sert aussi à séparer les hausses et à les soulever. Avec la partie recourbée, elle sert à soulever les porte-rayons avec les rayons quand on fait la récolte du miel.


Raclette lève-cadre

Fig. 25.4: Raclette lève-cadre.

Boîte à outils

L’apiculteur a besoin, dans ses travaux, de divers petits objets qu’il serait difficile, en tout cas ennuyeux, de porter à la main. Par ailleurs, il doit abriter, pour éviter le pillage, les raclures et les débris de rayons.

C’est pourquoi on a établi des boîtes, dites boîtes à outils, de formes différentes, selon le goût et les besoins de chaque apiculteur.

L’essentiel, c’est d’avoir deux compartiments, l’un pour les outils, l’autre pour les raclures ou débris de rayons, ce dernier fermé d’un couvercle, afin d’éviter toute provocation au pillage.

Nourrisseur spécial

Nous indiquons ailleurs plusieurs manières : de nourrir les abeilles. Nous devons parler ici de notre nourrisseur spécial, parce qu’il peut rendre les plus grands services aux apiculteurs, surtout au moment de la mise en hivernage.

Ce nourrisseur est en bois peint, ce qui le rend supérieur aux nourrisseurs en métal. Dans le nourrisseur en métal, s’il y a une fuite, elle est importante et peut noyer les abeilles. La réparation ne peut être faite que par un professionnel. Dans le nourrisseur en bois, il n’y a jamais qu’un suintement. Une couche de peinture à sec suffit pour le faire disparaître. Ce nourrisseur a les dimensions d’une hausse, avec une contenance de 11 litres. Il est rare qu’une colonie ait besoin d’un supplément plus important. Une nuit suffira donc souvent pour compléter les provisions d’une colonie. Or, il importe que le nourrissement se fasse rapidement. En tout cas, une plaque de verre recouvre le nourrisseur et permet de voir ce qui s’y passe. Son dispositif d’ailleurs permet de le remplir sans enfumoir et sans voile.


Nourriseur

Fig. 25.5: Nourrisseur d’automne.

À l’intérieur une planchette mobile verticale, en raison de deux pointes placées à sa base, permet au sirop de passer dans le compartiment où arrivent les abeilles, sans permettre à celles-ci d’aller se noyer dans le sirop.

Si on emploie des débris de rayons au lieu de sirop, on supprime cette planchette.

Ce nourrisseur se place au-dessus de la chambre à couvain et non au-dessous. On place sur ce nourrisseur la toile qui couvre les porte-rayons, le coussin, puis le toit. Ce nourrisseur peut suffire pour 12 ruches.

Ce nourrisseur est agencé dans une hausse de Ruche Populaire.

  1. Planchette de 0,05 de largeur percée d’un trou permettant le remplissage du nourrisseur avec un entonnoir. Elle repose dans les rainures et sur la planche B sans permettre le passage des abeilles dans le bassin. À côté de cette planchette se place une plaque de verre recouvrant complètement le nourrisseur.
  2. Planche mobile entre tasseaux reposant sur le fond par deux pointes à tête ronde de 0,002 permettant le passage du liquide et non des abeilles. Cette planche est enlevée quand on donne des débris de rayons au lieu de sirop.
  3. Planche fixe appuyée sur un tasseau et recouverte d’une toile métallique fine, laissant en haut un passage de 0,02.
  4. Planche fixe, reposant sur des tasseaux.


Nourrisseur

Fig. 25.6: Nourrisseur de printemps et d’été.

Avis

Mettre de la bonne peinture dans tous les joints pendant le montage. Donner au tout deux ou trois couches de peinture. Ce nourrisseur se place au-dessus des hausses, sous la toile et le coussin.

Pour nourrir, au printemps, les colonies qui manquent de provisions et en été, pour faire construire des rayons aux colonies faibles nous avons un autre nourrisseur. Il peut contenir 200 g de sirop.

  1. Flotteur formé de tringlettes de bois superposées de 0,009.
  2. Bassin de 0,02 de profondeur. Dimensions extérieures : longueur 0,25 ; largeur 0,15.
  3. Bâti formant tiroir.
  4. Bâti ayant les dimensions extérieures des hausses et une hauteur de 0,002 en plus que le bâti C.

Avis

Pour la construction, mêmes conseils que pour le grand nourrisseur. Le petit nourrisseur se place sur le plateau, sous les hausses, sa partie mobile en arrière de la ruche.

Couteau à désoperculer

Avant de passer les rayons à l’extracteur, il est nécessaire d’enlever les opercules ou bouchons qui ferment les alvéoles dont le miel est mûr.

Pour faire ce travail, on peut se servir d’un simple couteau de table s’il est très mince et légèrement coupant.

Toutefois, parce que les rayons sont parfois irréguliers, il est préférable de se servir d’un couteau à désoperculer, couteau coudé, tout à fait spécial.

Extracteur

L’extracteur a pour but de retirer le miel des rayons avec plus de rapidité que par l’écoulement spontané. Les rayons sont placés dans des cages en toile métallique au milieu d’une cuve généralement en tôle étamée.

Un mouvement de rotation, à raison d’un kilomètre en trois minutes, fait agir la force centrifuge sur le rayon. La cire est retenue par la toile métallique, le miel, au contraire, traverse la toile, tombe en pluie sur la paroi de la cuve, au bas de laquelle il s’écoule par un robinet spécial.

Il est incontestable que l’extracteur économise le temps de l’apiculteur. C’est là son principal avantage et c’est celui que tous les inventeurs ont cherché à multiplier.

D’aucuns voient aussi dans l’usage de l’extracteur, le moyen de conserver les rayons ; d’où économie de travail pour l’abeille, de miel et de cire pour l’apiculteur. Nous contestons cet avantage puisque nous sommes partisan du renouvellement fréquent des rayons.



Extracteur


Fig. 25.7: Extracteur.

Choix d’un extracteur

Je ne conseille pas la construction de l’extracteur avec une cuve et un engrenage quelconque. Il importe qu’il soit monté par un homme de métier, passablement mécanicien et un peu apiculteur.

D’ailleurs, les extracteurs du commerce ne sont pas toujours bien établis non plus. Les ouvriers qui les fabriquent n’en connaissent pas toujours l’emploi. La force n’est pas là où elle doit être. Ou bien de-ci, de-là, il y a des replis qu’on ne peut nettoyer. Le premier miel y pénètre, s’y oxyde et souille tous les miels qui passent ensuite dans l’extracteur. Il y a lieu, par conséquent, de choisir un extracteur bien construit.

Depuis quelques années on a inventé un grand nombre d’extracteurs, de formes différentes, mais toujours dans le but d’un grand rendement.

Nous-même nous avions établi un extracteur bilatéral, horizontal parallèle. Cet extracteur, à grand rendement aussi, avait un autre avantage. Ses éléments facilitaient la désoperculation des rayons et évitaient leur brisure dans les différentes manipulations.

Malgré son importance, notre extracteur pouvait passer par les plus petites portes : ce qui est rare.

Nous sommes d’avis que tous ces extracteurs, le nôtre comme les autres, ne répondent pas aux besoins des apiculteurs, mais lui demanderaient une mise de fonds plus considérable et l’embarrasseraient toute l’année, surtout pendant le transport.

Extracteur pratique

Nous sommes d’avis que notre extracteur unilatéral ordinaire convient à tous. On le prendra avec deux cages ou avec quatre cages, suivant l’importance du rucher.

L’extracteur à quatre cages peut extraire, en douze minutes, le miel d’une hausse de Ruche Populaire. Il suffit donc pour extraire en une journée le miel de 30 ruches, nombre maximum qu’on peut établir dans une localité.

On peut placer cet extracteur sur des caisses ou des hausses. Il est préférable de l’acheter avec trois pieds.

Un couvercle est aussi recommandé. Il facilite le mouvement des cages et évite à l’apiculteur un violent courant d’air.

Il faut toutefois noter que l’extracteur n’a vraiment sa raison d’être que pour un rucher de 12 à 15 ruches. Pour un rucher moins important, nous conseillons d’employer d’autres moyens d’extraction.

Cages pour la désoperculation et l’extraction

Ces cages ont une grande valeur. Elles permettent de gagner du temps pendant la désoperculation et l’extraction, de soutenir les rayons les plus fragiles, de désoperculer et d’extraire les rayons de ruches fixes, mêmes les débris de rayons de ruche vulgaire.

Ces cages sont nécessaires pour l’extraction des rayons fixes avec un extracteur.




Cage simple


Fig. 25.8: Cage 1 (cage simple) : tôle pleine étamée, force 5/10, dimensions 0,260 x 0,365. Les bords sur la largeur de 20 mm, sont repliés après la coupe des coins. Il n’y a pas de soudure. Une oreille est aménagée sur les deux faces, on la trouve par deux coupes dans les bords repliés.




Cage double


Fig. 25.9: Cage 2 : tôle perforée, force 5/10, dimensions 0,275 x 0,380. Trous de 3mm, à 3mm les uns des autres ; les bords sur une largeur de 20mm sont repliés après la coupe des coins. Il n’y a pas de soudure.

Cage 3 : tôle perforé étamée, force 5/10, dimensions 0,290 x 0,395. Trous de 3mm, à 3mm les uns des autres ; les bords sur une largeur de 20mm sont repliés après la coupe des coins. Il n’y a pas de soudure.

Les cages 2 et 3 constituent la cage double.


Une cage simple suffit. Les cages doubles s’emploient toujours par paire.

On peut en avoir en double pour permettre à un auxiliaire de désoperculer pendant que fonctionne l’extracteur.

Chevalet

Nous en donnons page § la figure et le mode d’emploi. Le chevalet n’est employé qu’avec l’extracteur et les cages.

Gants

Je tiens à parler des gants, mais c’est pour en médire. Les gants sont inutiles et nuisibles.

Ils sont inutiles, parce qu’ils n’arrêtent pas l’aiguillon de l’abeille en colère, fussent-ils de cuir.

Ils sont nuisibles, parce qu’ils rendent les mouvements maladroits : ce qui provoque toujours des écrasements d’abeilles, des mouvements brusques et violents. Or, tout cela provoque aussi la colère des abeilles.

Il est même à remarquer que plus les gants paraissent garantir des piqûres, plus ils les provoquent, parce qu’ils sont plus gênants.

L’auxiliaire de l’opérateur doit envoyer la fumée de l’enfumoir à l’endroit où travaille l’opérateur, par conséquent auprès de ses mains. Celles-ci sont donc en toute sûreté.

L’opérateur débutant pourra, pour se donner de la fermeté, recommander à son auxiliaire de vouloir bien envoyer de temps en temps un peu de fumée sur ses mains. Il pourra ainsi travailler avec plus d’assurance.

Abreuvoir

Les abeilles savent trouver l’eau qui leur est nécessaire. Il n’est pas inutile toutefois de constituer un abreuvoir auprès du rucher.

Sur une dalle légèrement inclinée, au besoin sur une planche, une tôle, placez un fût, un vase, muni d’un robinet. La dalle est saupoudrée de sable ou de mince gravier. On règle le robinet pour que l’eau s’écoule goutte à goutte et maintienne le sable humide.

Dans les articles avicoles on trouvera des abreuvoirs pour volailles qui peuvent servir pour les abeilles.

Ces abreuvoirs sont formés d’une bouteille renversée sur une assiette métallique. Dans l’assiette, on mettra de la mousse, des morceaux de liège ou des petits cailloux.

Chapitre 26
Le rucher

Les abeilles ne sont pas exigeantes, pas plus pour la place qui leur est accordée que pour la ruche qui les abrite. Il y a toutefois lieu de faire certaines observations sur le rucher, dans l’intérêt de l’abeille et de l’apiculteur.

Orientation

Le plus grand ennemi de l’abeille c’est le soleil de midi. Il fait fondre la cire et le miel ; il détruit les rayons et noie les abeilles. En tout cas, il empêche les abeilles de sortir en les obligeant à ventiler la ruche. Il est donc absolument nécessaire d’abriter les ruches contre ce soleil par des arbustes : pêchers, poiriers, pommiers, buldeya, etc., ou par des plantes soleils, topinambours, etc.

La ruche sera tournée de préférence vers l’est. Le soleil levant réveillera plus tôt les butineuses. Si cette orientation est difficile, on se contentera d’orienter les ruches vers l’ouest et même au besoin vers le nord, jamais vers le sud.

Dimensions

Les ruches pourront n’occuper que 0,75. Les abeilles reconnaissent parfaitement leur ruche, même dans un rucher important, si ces ruches sont placées à 0,75 de centre à centre.

Si les ruches sont placées à une plus grande distance, les abeilles n’en souffrent nullement. Mais l’apiculteur a, de ce fait, plus de terrain à entretenir sans aucun profit.

Les abeilles prennent leur vol à n’importe quel angle. On peut toutefois considérer comme un angle minimum celui de 45 degrés. Sous un angle inférieur, elles sont gênées.

Un exemple fera mieux comprendre cette expression. Si en avant des ruches il y a un mur, si ce mur a une hauteur de 2 mètres, on ne devra placer l’entrée des ruches qu’à 2 mètres au moins de ce mur.

Ces données indiquent les dimensions que doit avoir le rucher pour abriter un nombre déterminé de ruches ; elles indiquent également le nombre de ruches que peut recevoir un terrain déterminé.

Distances

Diverses négligences et imprudences d’apiculteur ont provoqué des règlements pour les distances à tenir entre les ruches d’une part et, d’autre part, les chemins publics et les propriétés privées.

Ces règlements sont locaux, communaux ou départementaux. Le cadre de cet ouvrage ne me permet pas de les donner tous. On trouvera ces règlements à la préfecture de chaque département.

En général, les distances à tenir varient de 4 à 6 mètres. Je crois que certains règlements exigent une distance de 20 mètres : c’est une exception.

Il est d’ailleurs bon de remarquer que la plupart des règlements n’exigent aucune distance quand il y a une clôture pleine de 2 mètres de hauteur.

Dans sa séance du 18 novembre 1925, la Chambre des députés a adopté sans débat une proposition de loi ainsi rédigée

« Article unique. — Le paragraphe 3 de l’article 17 de la loi du 21 juin 1898 est modifié comme suit :

« Toutefois, ne sont assujetties à aucune prescription de distance les ruches isolées des propriétés voisines ou des chemins publics par un mur, une palissade en planches jointes, une haie vive ou sèche, sans solution de continuité.

« Ces clôtures devront avoir une hauteur de 2 mètres au-dessus du sol et s’étendre sur au moins 2 mètres de chaque côté de la ruche. »

Importance

Le nombre de ruches dans un rucher doit être proportionné à la richesse mellifère de la région et au nombre de ruches déjà installées dans cette région. Ce nombre est donc très variable. On estime toutefois que 50 ruches au moins peuvent prospérer dans un rayon de 3 kilomètres, quelle que soit la richesse de l’endroit. Évidemment, il faut tenir compte des ruches du voisin.

Disposition

Nous avons déjà dit les inconvénients du rucher couvert (la visite est plus difficile) et du rucher en plein air sur supports communs (les colonies sont souvent agitées, ce qui les fait consommer des provisions et les irrite). Nous conseillons donc le rucher en plein air avec ruches isolées : ce rucher n’a aucun des inconvénients précités et il procure plus d’hygiène à l’apiculteur. On les placera sur une seule ligne, sur plusieurs parallèles dans le même sens ou en sens opposé, en fer à cheval, etc., en tenant compte de ce qui a été dit au chapitre « Orientation ».

Au-dessous des ruches, on pourrait établir un pavé en béton sur une largeur de 0,80. Si on considère que ce pavé dispensera de l’arrachage de l’herbe autour des ruches et de la vérification de leur aplomb au printemps, on pourra trouver que ce pavé est économique, surtout si on l’établit soi-même. On pourrait, au-dessus, établir un toit léger, ou simplement faire courir une vigne vierge sur des fils de fer.

Plantations

L’apiculteur ne peut fournir à ses abeilles assez de fleurs pour les occuper. Il devra compter sur les cultivateurs du voisinage.

Pour suffire à ses abeilles, l’apiculteur devrait ensemencer des champs considérables. Ce serait pour lui un surcroît de dépenses et de travail dont il ne serait pas payé par la récolte de miel.

L’apiculteur pourra cependant planter auprès de ses ruches quelques plantes ornementales mellifères. Il aura ainsi l’occasion de suivre parfois de près le travail de ses abeilles. S’il a des plantations à faire dans son jardin, dans une culture voisine, il préférera, bien entendu, les plantes mellifères. Il pourra aussi conseiller ces plantes à ses voisins, et au besoin appuyer ses conseils par le don de graines et d’un pot de bon miel.

L’apiculteur devra se convaincre, et tâchera de convaincre ses voisins, que plus une plante est mellifère et plus elle est bienfaisante pour les animaux de la ferme.

L’apiculteur se trouvera bien toutefois de planter auprès du rucher des crocus, des perce-neige, des giroflées brunes. Ces fleurs procureront aux abeilles du pollen encore rare, au premier printemps.

La culture de la lavande serait peut-être deux fois rémunératrice.

La culture de la phacélie pourrait aussi être envisagée. On peut la semer au printemps, à raison de 150 à 160 grammes à l’are. Elle lève au bout de huit à quatorze jours et fleurit six semaines plus tard. Elle atteint une hauteur de 60 centimètres et donne des fleurs pendant cinq semaines. Elle permet donc de faire des semis échelonnés pour avoir des fleurs mellifères quand la région en manque. Parce qu’elle résiste aux premières gelées, la phacélie peut encore être semée au 15 août pour être donnée en vert au bétail fin octobre et commencement de novembre.

Chapitre 27
Législation apicole

Propriété des ruches

Article 254 du Code civil : Sont immeubles par destination quand elles ont été placées par les propriétaires pour le service et l’exploitation du fonds... les ruches d’abeilles.

Propriété des essaims

Article 9 de la loi du 4 avril 1889 : Le propriétaire d’un essaim a le droit de s’en saisir n’importe où (même sur le terrain d’autrui) tant qu’il n’a pas cessé de le suivre. Autrement l’essaim appartient au propriétaire du terrain sur lequel il s’est fixé.

Déménagement des abeilles

Article 10 de la loi du 4 avril 1889  : Pour aucune cause, il n’est permis de troubler les abeilles dans leurs courses ou leurs travaux ; en conséquence, même en cas de légitime saisie, les ruches ne peuvent être déplacées que dans les mois de décembre, janvier et février.

Accidents

Une maladresse, une méchanceté de voisins ou de passant peuvent provoquer des accidents qui, en vertu des lois, peuvent coûter fort cher au propriétaire des abeilles. Nous recommandons à tous les apiculteurs de contracter une assurance accidents. Des syndicats apicoles donnent toute garantie pour une prime minime.

Chapitre 28
Plantes mellifères

Nous donnons à la page suivante une liste de plantes mellifères qu’on peut cultiver comme fourrages verts ou secs, ou encore comme engrais. On peut y ajouter la luzerne, la minette, la phacélie, le sainfoin.

Au jardin d’agrément on pourra planter : ancolie, angélique, arabis, bourrache, chèvrefeuille, galéga, giroflées, houblon, lavande, lierre, marjolaine, mauve, muflier, népéta, réséda, romarin, scabieuse, thym, verveine.

Au potager on pourra laisser fleurir : carottes, choux, pissenlits.

Les arbres suivants sont aussi mellifères : abricotier, acacia, olivier, cerisier, châtaignier, cornouiller, érable, frêne, houx, marronnier, pêcher, peuplier, pin, poirier, pommier, prunier, sapin, saule, sorbier, sureau.

Enfin les abeilles trouveront à l’état sauvage les plantes suivantes : berce, bruyère, brunelle, caltha, cardamine, chardons, genêt, linaires, orchidées, ronces, sedum, etc.

Par contre, on ne tolérera jamais près du rucher : le tabac, la belladone, la jusquiame, la ciguë, l’ancolie, l’ellébore, le laurier-rose, la digitale pourprée, le datura stramonium, l’aconit napel, le vernis du japon, la bryone, le laurier-cerise, le colchique. Ces plantes ne sont pas toutes nuisibles aux abeilles, mais leurs alcaloïdes passent dans le miel, qui devient dangereux.


NOM DES PLANTES TERRAINS DE PRÉFÉRENCE ÉPOQUE DES SEMIS (*) QUANTITÉ DE SEMENCE À L’HA.
à la volée, en ligne
ÉPOQUE DE RÉCOLTE (*) REND. A L’HA. DE FOURRAGE VERT
de à
Navette d’hiver Argilo-calc., argilo-siliceux Août-septembre 10 à 11 kg, 7 à 8 kg Février à fin mars 12 000 25 000
Colza Argilo-calcaires profonds 6 à 8 kg, 4 kg Mars à fin avril 18 000 30 000
Trèfle incarnat Sableux, argilo-calcaires 25 kg (décort.) Avril à fin juin 18 000 25 000
Trèfle hybr. d’Alsike
Vesce d’hiver Argileux, argilo-calcaires Septembre-oct. 180 à 200 kg Mai à fin juin 18 000. 50 000
Vesce velue Légers siliceux Autom. et print. 100 kg Avril à fin septembre 20 000 40 000
Gesse ou jarosse Argilo-calcaires, calcaires Septembre-oct. 200 kg Mai à fin juin 18 000 30 000
Pois gris d’hiver Graveleux Octobre 160 à 200 kg
Pois gris de printemps Argilo-calcaires Mars à août 200 kg Juin à novembre 15 000 25 000
Féverole d’hiver Forts, argilo-calcaires Avril 220 kg Mai-juin 15 000 35 000
Lupiline ou minette Calcaires, silico-calcaires Septembre-oct. 18 à 20 kg Avril-juin an. suiv. 10 000 20 000
Vesce de printemps Argileux, argilo-calcaires Mars à juin 160 à 200 kg Juin à septembre 15 000 50 000
Lentille Légers, siliceux, graveleux Mars à mai 160 kg Juin à septembre 10 000 20 000
Moutarde blanche — —   Silico-argileux Avril à juillet 14 à 20 kg Juin à fin septembre 12 000 25 000
Navette d’été Argilo-cal., argilo-siliceux 8 à 10 kg 8 000 20 000
Spergule Légers, siliceux, frais Mars à mai 35 kg Mai fin juillet
Serradelle Sablonneux, frais, profonds Avril à fin juillet 35 kg Août fin octobre
Sarrasin Légers, sablonneux Mai à fin août 60 kg Juillet à mi-novem.
Ajonc Terrains sté., argilo-silic. Avril à fin août 15 à 20 kg, 10 kg Avril à fin octobre 26 000 12 000
Consoude rugueuse Humifères Plant. fév.-avril par surgeons À partir d’octobre 20 000 80 000


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